Elaine Sturtevant
Elaine Sturtevant est une artiste américaine, née en 1930 (ou 1924 ou 1926) à Lakewood (Ohio) et décédée le 7 mai 2014 à Paris, où elle vivait et travaillait depuis 1992. Elle est considérée comme l’inspiratrice du mouvement
appropriationniste, une étiquette qu’elle n’a pas acceptée.
Sturtevant commence sa carrière à New York en 1965, où elle reproduit les œuvres de jeunes artistes de l’époque. Bien qu’il soit difficile de distinguer ses œuvres des originaux, elle ne les considère pas comme des copies mais comme des «
répétitions ». À travers cette pratique, Sturtevant révolutionne complètement le concept d’originalité. Toutes ses œuvres sont des reproductions de celles d’autres artistes, aucune ne part d’une image originale. Elle travaille d’abord à partir d’œuvres d’artistes américains comme Jasper Johns, Roy Lichtenstein, Claes Oldenburg et Andy Warhol. Warhol donne l’un de ses écrans de sérigraphie à Sturtevant afin qu’elle produise ses propres versions des « Flowers », et à une occasion, lorsqu’il est interrogé sur sa technique, il répond : « Je ne sais pas. Demandez à Elaine. »
À la fin des années 1960, Sturtevant répète notamment des œuvres de Joseph Beuys et Marcel Duchamp. Duchamp représente une exception dans le corpus des artistes qui l’inspirent, puisqu’elle s’attache en général à des artistes au début de
leur carrière, tandis que Duchamp est déjà confirmé à cette époque. Dans une photographie datée de 1967, Sturtevant et Robert Rauschenberg posent en Adam et Eve, dans une répétition d’une photographie originale de 1924 de Man Ray dans
laquelle apparaissent Marcel Duchamp et Brogna Perlmutter.
Entre 1974 et 1985, Sturtevant cesse totalement de produire et d’exposer des œuvres.
Dans les années 1980, elle s’intéresse à une nouvelle génération d’artistes, dont Robert Gober, Anselm Kiefer, Paul McCarthy, et Felix Gonzalez-Torres. Elle maîtrise aussi bien la peinture, la sculpture, la photographie, la vidéo et le cinéma
afin d’effectuer une gamme complète de copies des travaux des artistes qu’elle a choisis. La plupart du temps, elle les copie avant même que ceux-ci n’obtiennent une large reconnaissance.
Presque tous les artistes qu’elle a choisis de copier sont aujourd’hui considérés comme des incontournables de leur temps ou de leur style. Les critiques d’art se posent la question de savoir comment elle faisait pour déceler à un stade aussi
précoce des artistes aujourd’hui célèbres.
À partir de 2004, à la suite de son exposition rétrospective au Museum für Moderne Kunst de Francfort, son travail se concentre sur la question de la répétition à l’ère cybernétique.
En 2011, elle obtient le Lion d’or de la Biennale de Venise. Son œuvre est considérée comme partie prenante du mouvement appropriationniste, mais les différences entre l’œuvre des appropriationnistes et l’œuvre de Sturtevant sont grandes. D’abord, les appropriationnistes changent le format de l’œuvre qu’ils copient, tandis que Sturtevant respecte les dimensions de l’œuvre qu’elle répète. De plus, elle trouve ses sources d’inspiration parmi les œuvres de ses contemporains et non pas dans les figures iconiques de l’art moderne, comme le font les appropriationnistes.